Entraînement commando

Par hasard un soir encore un peu embrumé d’alcool mais sans hommes je me suis jetée sur un programme télévisé où des gros bras beaux mecs passaient en examen pour les forces spéciales, commandos appelés en urgence sur les terrains de guerre ou sur les terrains d’ennui où d’autres beaux gosses qui s’ennuient à mourir font fleurir leurs muscles sur les terrains vagues.

C’est comme si nous les Targeted faisions l’épreuve de la corde à nœuds chaque jour : atteindre et toucher le bout avec un examinateur qui te flingue la tête en arrivant, nous le subissons au quotidien.

Quand je partais avec mes dix kilos quotidiens en métro ou à pied vers une chambre de bonne équipée comme un parachutiste je pensais à eux, parce que eux aussi ne cherchent qu’à échapper à une condition plus médiocre de médiocres fagottés comme des bœufs dans une gendarmerie.

Nous membres d’Icator dont les pneus de voitures entaillés au rasoir nous font éviter une mort de précipice ou de descente, nous dont les ascenseurs trafiqués pourraient faire croire à un accident, nous que l’on fait tomber et trébucher pour ne plus nous relever, relevons-nous des forces spéciales ou des martyrs ?

C’est ce que nous voudrions savoir en entamant une nouvelle journée où le martyrologue auquel nous ne croyons pas ne pourra même pas nous citer.

Ces journées et ces nuits de détresse et d’enfer dont nous nous relevons tant mal que mal dans une brume où nous ne pouvons plus déceler le sommet de la corde à nœuds.

Nœuds gordiens que seule une action radicale peut dénouer.

Pour cette raison, nous avons choisi un nom et un logo de gladiateur, seul face à des légions d’abrutis et d’obéissants.

En attendant nous sommes crucifiés comme Spartacus sur l’autel d’une totale irresponsabilité politique.