LES TRACÉS DU SOUVENIR

Je me souviens d’un torse, lié à une chanson, à des crises d’angoisse absolues.

Je me souviens de ce geste sur ce torse poilu, très beau, et je voulais que mon souvenir remonte vers un visage oublié comme ma main l’a fait alors c’est pour cela que j’adorerais ô combien j’adorerais que les livres puissent aussi parler et faire ressentir ce qu’alors on a éprouvé d’éprouvement. J’ai commencé un livre en ce sens comme la dernière bague de Gucci qui manque de beauté mais qui commence à regrouper et à envisager les relations entre le corps et ce qui l’habille. 

ou descendre plus bas vers le sexe ou les jambes pour préciser ce souvenir, ces gestes, ce sentiment d’absolue beauté lié à un sentiment d’absolu abandon.

Mon regard souvenir descend vers les jambes et ne parviens pas à préciser. J’insiste comme en dessinant on appuie le trait pour épaissir une courbe. Mon regard souvenir se précise entre deux traits et s’aiguise par une parallèle entre deux sourcils.

Il remonte vers un visage très doux qui dit par sa bouche «à demain».

Est-ce que le geste du dessin ou de la peinture suit le trajet d’un souvenir ? Est-ce que mon trait pourrait reprendre et révéler ce que mon souvenir a oublié comme s’il plongeait dans un bain révélateur ?

Est ce que le souvenir se teinte de quelque chose selon qu’il s’agit de peinture ou de crayonné ? comme si la matière aussi influençait la façon dont on se souvient ?

J’ai plusieurs dessins de cet homme , dont un dont je suis tombée amoureuse, son profil au bic.

Dans mon souvenir il s’est retourné et m’a regardée de face : c’est le dessin en couleurs qui rend toute une influence d’un regard.

Son corps est au crayon comme pour me souvenir de gestes très doux qu’on ne peut emprisonner, quelque chose aussi de très fondu.

Toutes ces nuances que la photographie ne peut du tout rendre, même avec tous les effets possibles.

Il y a là tout un monde de nuances du souvenir.