MARIOUPOL

Les photos à cru des soldats de Marioupol, ces photos si crues même si on les sait posées, quel photographe ose encore ou veut encore prendre ces corps condamnés et qui veulent à force d’honneur défendre leur ville hier encore si joyeuse ?

Ces photos, c’est le grand ogre médiatique qui veut en disposer pour occuper les interstices des hurlements de Shanghai, les premiers confinés de Corée jetés par immeuble entier à l’écart, le cercueil jeté à terre par les soldats israéliens, les torturés harcelés magnétiques des mafias de l’immobilier, toute cette tragédie terrestre qui nous saute aux yeux et qui nous détourne de ce qu’il faudrait faire d’urgent et qui n’est surtout pas la guerre ?

La Chine découvre un gouffre de forêt vierge, une porte s’ouvre sur Mars, les espèces inconnues se laissent soudain observer comme si elles cherchaient à faire oublier ce qui pourrait déjà les rejeter dans l’oubli à peine observées, toute la vie transpire la vie.

Quel Picasso s’apprête peut-être à faire un Guernica de Marioupol, ville martyre exacerbée par les bombes où les appartements éventrés abandonnent leurs viscères dans le vide et nous forcent à regarder un vide atroce ? 

Marioupol, Guernica, éternel semonce de l’Inutilité de vivre.