BRUXELLES V

En l’honneur de Toshiko

J’aurais aimé être à Bruxelles pour rencontrer tous ceux qui viennent de très loin pour vérifier ce qui dans leur corps vient de l’étranger, est étranger, qui touche à leur plasma, à leur cellule, à leur être profond si humain rien qu’humain.

J’aurais aimé être à Bruxelles, où Toshiko avec sa voix si fine vient d’arriver du Japon. Quel courage, cette petite voix si fluette qui s’est fait un point d’honneur à lutter contre ces harcèlements si terribles que le corps parfois se demande à qui il obéit. Toshiko, un véritable samouraï, dit Mélanie qui vient de la rencontrer.

J’aurais aimé être à Bruxelles, où des Allemands, des Autrichiens, des Slovènes, des Japonais, des Polonais, des Français viennent se faire tester : ce n’est pas pour le coronavirus, c’est beaucoup plus que cela. C’est beaucoup plus qu’un virus : et d’ailleurs nous nous demandons actuellement si les matières qui sont activées et électrisées ne donnent pas naissance par réplication à des éléments qu’on ne domine pas forcément encore.

J’aurais aimé être à Bruxelles dans un des cafés où la longue liste des bières donne le tournis et penser, juste penser à cela qui fait de nous de pauvres choses qu’un alien peut habiter soudain.

J’aurais aimé être à Bruxelles pour tenter un jour cette expérience colossale d’emprise des cerveaux et cela pourtant existe déjà sans qu’on le sache lors d’essais non consensuels évidemment : mettre soudain la voice to skull à une foule rassemblée pour une conférence. Ce serait une compréhension d’abord, ce serait un soulagement ensuite. Ce qui fait l’horreur de ces ciblages c’est  l’esclavage d’un particulier d’où la foule est tenue est l’écart.

J’aurais aimé être à Bruxelles pour revoir Vritschan, l’une des femmes les plus solides que j’aie jamais vues et qui va les accueillir.

J’aurais aimé partir dans le Thalys, dans ces trains d’entre deux où l’on ne sait pas si soudain en ouvrant la portière on va pouvoir résoudre certaines énigmes encore inconnues.