Le premier bonjour de Vincent ce jour-là était un pétard mouillé. Déçu par ce peu d’enthousiasme il a remis cet éclatant bonjour qui a été suivi d’une série de bonjours tonitruants. Il faut plaire au chef et montrer son dynamisme.
En marche ! D’autres que l’on connaît malheureusement ont utilisé cette expression pour désigner leur surplace et désormais on ne parle plus que de la marche des sociétés. Et la marche de ma société Edi8 c’est pour le tourisme — 2/3 !…
Et il ne faut pas se plaindre : les propriétaires de salles de spectacle songent à se suicider, alors que nous nous ne faisons que grise mine.
Mais nous en TAD nous avons le teint gris et les poches vides et nous continuons à manger en janvier. Le chômage partiel peut-être ? L’encore bonne idée ? La société devrait mettre en place tous les mois ce chômage partiel.
Ce qui devrait être mis en place immédiatement, en toute urgence ? Le revenu universel. Mais c’est au plus haut niveau que cela devrait se décider, et ils sont davantage préoccupés par l’achat de vaisselle pour l’Elysée.

La société vient de déménager et les bureaux sont occupés la moitié du temps. Comment les rentabiliser ?
Le ton très positif de Vincent était en effet rassurant : il est ouvert à chaque suggestion, à chaque initiative de ses employés.
Il avoue s’offrir même un pétard de temps en temps, pour que cette ville grise et terne qu’est devenue Paris oublié prenne un peu de couleurs. Toutes les addictions se renforcent en ce moment.
Paris est fini. Il ne résonne plus que des pétards des manifestants, toujours plus désespérés.