CETTE MAISON EST UN CORPS /SEVRES / Thierry, Daniel (Que ma blessure soit mortelle), Bruno, Laurent, Anne, Richard, Gilles, Moi, et tous. Tous ceux qui ont habité dans cette maison sont déjà ou vont devenir des MYTHES

DSC_0866Préambule,

Je suis venue habiter dans cette rue en 1981. Cette recherche qui concerne donc mon lieu de vie (sauf une interruption d’une année et quelque en Italie) me touche directement ; elle m’oblige à voir plus clair dans l’histoire.

Lors de mon arrivée ici, je crois pouvoir dire qu’il s’agissait d’une Renaissance.

Ce lieu m’a permis de prendre conscience des problèmes essentiels.

En effet, ce qui n’était auparavant que discours, posés dans une situation privilégiée, s’est métamorphosé en expériences au cours de situations qui n’étaient pas toujours faciles à vivre, voire même douloureuses.

J’ai vécu la trajectoire que j’essaierais de délimiter pour les autres et pour l’espace qui nous était commun. En ce qui me concerne, trajectoire moins exceptionnelle au cœur de ce lieu, parce que moins longue.
Mon objectif, au cours de ces entretiens rapportés, de ces retours en arrière, de ces photos même, a été de montrer que seule la rue, dans son aspect extérieur, reste la seule faille dans un processus inexorable.

Que reste-t-il de la foi qui présidait aux installations des uns et des autres dans cette rue?

Voir, tout simplement, le processus engagé, comme partout, par le TEMPS.

Quelles sont les traces (au travers des  gens, des espaces) qui peuvent encore faire signe, signes d’une différence…

8 février :

Jérôme vient dîner en compagnie de Gilles. Il vient dîner pour la première fois depuis mon retour d’Italie. Il s’extasie sur l’atelier que Thierry a construit. Il est peintre lui aussi et manque d’espace.

Ici, l’espace et la lumière règnent en maître. Les murs immenses permettent de faire de grands formats. Jérôme jalouse cet espace qui, à Paris, est un luxe inaccessible, même avec de l’argent.

Il remarque, lui qui ne connaît pourtant pas parfaitement la rue, les nombreuses métamorphoses. Il se souvient entre autres de la maison peinte et du petit jardin qui lui faisait face. Il est désespéré de ce qui désormais a comblé le «vide».

Lui qui est extérieur à la rue essaie de retrouver les signes qui peuvent subsister de ce qu’on peut maintenant appeler une image d’Epinal : celle du film L’AN 01 (de Alain Resnais et Gébé, etc…) durant laquelle François Béranger descend la rue des Caves en chantant:

«Y a les clés des prisons

Y a les clés des maisons

Où j’ai mis mon trousseau de clés

Si un jour tout le monde jetait sa clé»

Scène durant laquelle les habitants de la rue jettent à proprement parler leurs clés par les fenêtres.
Quels signes subsistent-ils aujourd’hui, maintenant que les graffitis ont disparu ainsi que les façades peintes, si ce n’est dans les habitants, en décortiquant leurs vies…

Jérôme propose de mettre quelques-uns d’entre nous en cage, pour les montrer dans les musées comme espèces rares ou en voie de disparition.

 

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